Si longtemps...

Messages : 5 Date d'inscription : 02/11/2009

La Provence... Depuis combien de temps n'avait-il plus vu ces terres? Comme ce temps semblait éloigné et si obscur. Pourtant n'était-ce pas une partie de sa vie qui se trouvait en ces lieux? Une vie qu'il avait fui pendant des mois, se faisant oublier par tous, prétextant une mort dans d'atroces souffrances. Certes, il avait souffert pendant une semaine, mais il s'est très vite remis pour ensuite s'enfuir de nuit, alors même que sa propre soeur était en route pour veiller sa dépouille.
Depuis, il n'avait plus existé pour personne, oubliant nom et histoire, vivant dans la fange auprès des autres vagabonds rejetés par la populace. Il n'était plus qu'une ombre, moins important encore qu'une simple bête. Mais l'hiver n'avait pas tardé à arriver, il lui avait fallu revenir dans les villes pour se réchauffer, sans quoi il ne resterait de lui qu'un cadavre sur le bord d'une route. Ainsi s'était-il arrêté à Pontarlier, une ville d'un Empire sur lequel il crachait autrefois. Mais ces considérations politiques, tout comme les croyances qui autrefois dirigeaient ses actes, avaient disparues de son esprit. Maintenant, il n'était qu'un citoyen du monde, pour le moment au service de l'Empire. Reprenant son ancien nom pour le service, il avait retrouvé un certain équilibre de vie, mais la Provence où il avait vécu lui avait manqué. Il lui avait donc fallu revenir sur ces terres, à la visite d'anciens amis en espérant qu'ils seraient toujours tels qu'il les avait connus.

Sa première destination aurait du être Hyères, mais Philibéro n'était plus et son fief avait été confié à un autre. Ainsi, sa noblesse était détruite, il n'était plus qu'un gueux comme les autres. Il se rendit donc dans un autre lieu, tout en vérifiant que son propriétaire était toujours le même qu'autrefois. Ce fut pourquoi il atterrit à Ollioules, encore dirigé par celle qui l'avait introduit en politique. Transi de froid et épuisé par des jours de marche, il se présenta aux portes du château. Il ne savait si son apparence répugnante le ferait chasser de ce fief, mais il n'avait pas fait tout ce chemin pour rien... Ainsi, il alla se présenter aux gardes, tachant tant bien que mal de dissimuler le bandeau qui dissimulait son oeil mort.

Salutations messires. L'humble vagabond que je suis demande asile dans cette demeure... Il fait si froid ici, le temps de rentrer chez moi, je ne serai plus qu'un cadavre replié sur lui même. Je vous en prie messeigneurs.

Messages : 108 Date d'inscription : 17/03/2008 Localisation : Ollioules

A l'entrée du domaine, quatre gardes tentaient de se réchauffer tant bien que mal autour d'un feu, en se racontant leurs derniers exploits. L'un avec les femmes, l'autre avec sa famille et ses enfants qui sont doués pour tout, et les deux derniers avec leurs nouvelles armes. Il faut dire que le domaine était calme depuis quelques temps, la Comtesse ne venant plus que temps en temps voir les enfants.

Alors qu'il allait se boire une bonne rasade d'un liquide pâteux et alcoolisé un garde aperçu une silhouette au loin. Un coup de coude à ses collègues et les voilà tous debout à observer et prêts à accueillir ou refouler l'étranger approchant. Mais ils ne restaient pas sans se rappeler leur collègue renvoyé aux plus bas travaux pour avoir jeté ce qui semblait être un vulgaire vagabond alors que c'était un ami de la Comtesse, ça avait bien fait parler chez les gardes tout cela et ils savaient désormais qu'avec elle ils pouvaient s'attendre à tout. Le plus gradé se mit quelques mètres devant les trois autres et cria.

Qui va là ???

Il dévisageait de haut en bas l'homme se présentant devant eux, tout en l'écoutant. Bizarre d'être arrivé jusqu'ici alors qu'il y a tant de domaines avant. Curieux mais aussi méfiant le soldat posa quelques questions.

Pourquoi Ollioules ? Etes-vous armé ? Vous avez un nom ? Et chez vous c'est où ?

Il avait un ton sur mais pas trop désagréable, en attendant les réponses il demanda à un collègue de faire prévenir Arramon et à un autre de faire une tisane à l'homme qui avait l'air congelé, la Comtesse tenait à ce que tout le monde soit bien accueilli en ses terres.

Messages : 5 Date d'inscription : 02/11/2009

Les gardes étaient bien peu avenants, comme bien souvent quand ils s'adressaient à des vagabonds comme lui. Etrange était cette habitude de toujours vouloir s'en prendre aux hommes libérés de toute contrainte territoriale. Passant une sur son visage en prenant garde à ne pas en révéler la partie honteuse, le voyageur fit son possible pour répondre du mieux qu'il pouvait.

Messires, je n'ai nulle autre arme qu'une langue acérée et un bâton de pèlerin. Je suis aussi dépourvu d'armes que je le suis de foyer ou de nom, alors, si votre maitresse le demande, dites lui simplement que je fus le corbeau... Elle pourrait comprendre.

Soutenu par son bâton, le vagabond ne s'imaginait guère faire la route de retour immédiatement. Alors que faire si ces gardes bourrus le refoulaient? Peut être passerait-il une nuit ou deux dans une ville de Provence afin de se requinquer, même si là encore sa place serait dehors, avec les chiens errants.

Messages : 108 Date d'inscription : 17/03/2008 Localisation : Ollioules

Le garde observait toujours, l'homme avait en effet l'air inoffensif et visiblement il connaissait vu qu'il parlait bien de "maitresse" et pas maitre. Il allait répondre lorsqu'il aperçut Arramon arriver, il s'excusa auprès de l'homme pour parler discrètement avec Arramon après l'avoir salué respectueusement.

Il a l'air de connaitre la Comtesse et demande refuge pour la nuit, si on le laisse repartir maintenant dans son état et par ce froid il risque gros.

Les hommes échangèrent quelques mots et Arramon fini par se présenter devant le vagabond.

Bonjour, je suis l'Intendant du domaine, la Comtesse n'est pas là pour l'instant mais sera surement présente dès demain pour ses enfants. Je vous accorde donc cette nuit au château en attendant son retour.

Il savait qu'il ne prenait pas de gros risque, l'aile des chambres d'hôtes était déserte actuellement et les gardes étaient nombreux pour peu de travail. Poliment, même si il émettait quelques réticences, il invita l'homme à le suivre.

Venez avec moi, vous trouverez une chambre, de quoi vous lavez et je demanderai qu'on vous amène à manger. Le Comte et la Comtesse n'aimeraient pas qu'on laisse quelqu'un dehors comme ça. Vous la connaissez donc ?

Il n'était pas du genre bavard en général mais il avait quand même envie d'en savoir plus sur cette personne et il fallait traverser tous les jardins et la cours avant d'arriver au château. Il lui emboita donc le pas en direction de la grande entrée.

Messages : 5 Date d'inscription : 02/11/2009

Visiblement, les gardes semblaient dubitatifs, normal en un sens, laisser entrer un vagabond chez une noble était une chose peu commune. Mais la fortune finit par sourire au voyageur, les gardes s'étaient entendus sur son sort, il pourrait rentrer. Malheureusement, sa chance n'était que partielle, la maitresse de maison n'était pas présente, ce qui signifiait devoir attendre. Or, dans sa situation, le vagabond n'avait pas assez de temps pour cela. Mais rebrousser chemin serait une erreur fatale, que représentait une nuit d'attente face à des mois d'errance? Il passerait donc la nuit en ces lieux.

Marchant côte à côte avec l'intendant, le voyageur espérait qu'il ne parlerait pas trop, en tout cas, qu'il ne poserait pas de questions. Il ne se sentait pas de répondre à un interrogatoire dans son état. Ces mois d'isolement l'avaient peu à peu fait oublier les contacts humains, si bien qu'une simple discussion l'irritait pourvu qu'il soit trop fatigué. Mais bien entendu, le commun des mortels avait la fâcheuse tendance à être curieux, comme le prouva l'intendant en lui posant une question. Pourquoi fallait-il toujours que les gens s'intéressent à la vie des autres?

Le voyageur n'aimait pas parler de lui, mais ne pas répondre ne mettrait pas son interlocuteur dans de bonnes dispositions. Il lui fallait donc répondre en demeurant le plus vague possible...

Oui, nous avons... Collaboré ensemble... Autrefois.

Pourvu qu'ils soient vite arrivés à sa chambre, il n'était pas prêt à bavasser avec quelqu'un pour le moment.

Messages : 108 Date d'inscription : 17/03/2008 Localisation : Ollioules

Arramon remarqua rapidement que l'homme avait guère envie de parler, il n'insista donc pas, il savait que la Comtesse connaissait de nombreuses personnes étranges et rarement du milieu de la noblesse. Alors il lui accordait volontiers de le croire et se renseignerait rapidement auprès de la Comtesse pour en savoir plus.

Une fois l'extérieur traversé, deux gardes leurs ouvrirent la grande porte du château et Arramon lui fit traverser d'immenses couloirs avant de monter les escaliers qui menaient à l'aile des chambres d'hôtes. La chambre n'avait, bien entendu, pas été préparée mais elles étaient toujours propres et prêtes à recevoir, manquait juste le feu. Arramon s'arrêta devant la première pièce sur la droite et ouvrit la porte pour lui présenter sa chambre.