Halle de Rodez : "La petite ourse, une auberge pas 4 étoiles"

Arwen ne quittait plus son père des yeux, son air était plus grave, chaque mot qui arrivait à son cerveau était comme étudié, la laissant à réfléchir, mais la surprise de ce qu'elle apprenait se voyait déjà. Elle venait d'apprendre que son grand-père s'appelait Philipe, mais cette médaille dont il parlait... Etait-ce la même ? Ce pourrait-il qu'il aie connu la famille de son ami ? Sa mère ? Plus ? Cette fois les questions commençaient même à lui donner mal à la tête, ou était-ce cet affreux breuvage dont elle abusait. Un regard insistant vers son père, il devait en dire plus, il le fallait... Elle remarqua son verre vide, elle ne l'avait pas vu le finir et lui remplit, oui il devait parler.

"Bois Papa... C'était bien Philipe de Massilia sur ta médaille ? Tu es sur ? En argent la médaille ??? Dis moi Papa !!!"

Elle la connaissait bien cette médaille, elle en avait passé du temps avec Phil. Elle devait savoir, elle parlait de plus en plus vite de plus en plus fort, et continua en agrippant le bras de son père comme pour l'inciter à parler encore.

"Tu sais quelque chose ? Si tu sais quelque chose il faut le dire Papa, rappelle toi !!! Qui était cette femme ?"

Elle savait que si c'était la même médaille l'espoir reviendrait pour son ami, mais elle voulait être sure. Elle resta suspendue aux lèvres de son père, il fallait en savoir plus, être sur, elle ne voulait pas se tromper, elle ne devait pas...

Messages : 14 Date d'inscription : 29/09/2009

Sev se laissa servir un plein godet, puis le porta à la bouche d'une main un peu tremblante. En fait, c'est les lèvres qui effectuèrent une bonne partie du chemin afin de ne pas verser de ce breuvage sur ces braies, ce qui, vu l'aigreur de ce liquide, aurait certainement occasionné quelques trous fumants dans le tissus.
Il en but une longue gorgée, reprit sa respiration, puis répondit au mieux de ses souvenirs à sa fille.

Philippe de Massilia, oui autant que je m'en souvienne bien sur, vu que mon père la portait et que c'était la sienne avant de me la donner.
Il m'avait raconté son étrange provenance quand j'étais petit garçon : C'était un artisan Ibère qui lui avait coulée avec du métal récupéré d'un pommeau d'épée prise sur un adversaire alors qu'il combattait pour le royaume.

Il laissa passer un bon moment avant de reprendre un peu gêné de dévoiler un pan de son passé.

Cette jeune femme à qui je l'avais donnée fut mon premier amour de jeunesse. Malheureusement, sa famille était juste de passage et cet amour n'a duré que le temps de quelques jours...
Les seules nouvelles que j'ai eu d'elle, quelques mois après, c'est une brève lettre dans laquelle elle me parlait d'un enfant qu'elle venait d'avoir et qu'elle comptait élever contre le gré de ses parents. Puis plus rien.

Son grand-père... Phil porterait une médaille venant de son grand-père ? Non non elle ne voulait pas s'emballer à s'enfiler sur une piste peut-être mauvaise. Mais plus elle écoutait son père et plus cela semblait réel, mais incroyable surtout. Non elle n'y croyait pas... Elle luttait pour ne pas laisser aller son esprit vaguabonder vers toutes sortes d'idées à chercher le comment du pourquoi et le pourquoi du comment afin d'écouter la suite.

Alors qu'elle allait lever son verre à nouveau, celui-ci glissa entre ses doigts devenus fébriles à l'écoute de la dernière phrase prononcée par son père, le récipient atterrissant bruyamment sur la table. Blême, elle était devenue complètement blême... Son regard fixait le verre, du moins en sa direction... Impossible ce n'était pas possible...

Le silence...

Elle le laissa s'installer, tout se bousculait dans sa tête, les annonces faites par son père, les retrouvailles, l'histoire de Phil... Où était le lien ? Voulait-elle vraiment savoir ? Tout lui paraissait flou, elle aurait du éviter ce breuvage... Un sursaut, sa main vint se poser directement sur son ventre d'où lui vint la sensation... Le bébé venait de la rappeler à l'ordre... Elle releva les yeux vers l'homme, l'interrogation se lisant au plus profond de son regard.

"J'aurais... J'aurais donc un frère ou une sœur quelque part ??? Tu n'as jamais cherché à savoir Papa ? Tu as laissé cette femme comme ça ? Et cette médaille ? Pourquoi était-elle arrivé entre les mains de Phil ? Tu crois que..."

Elle posait des questions dont elle pensait avoir une réponse, enfin une déduction, peut-être hâtive, mais comment ne pas y songer ? Elle lança un regard vers son époux bien silencieux, que pouvait-il bien penser, son avis était toujours si important pour elle.

Après leur rencontre quelque peu surréaliste, Aqwa reprit ses esprits et redescendit avec Arwen et son père. Son père. Le père de sa Wenou. Rien que de prononcer ce mot dans sa tête, Aqwa était gagné par une sensation étrange, quelque part entre l'excitation et la crainte.

Il s'assit à la table sereinement et trinqua à leurs retrouvailles en regardant chacun dans les yeux. Il en profita pour regarder de plus près les traits de cet homme. Puis il but quelques gorgées et essaya de reconnaître les saveurs. L'alcool était... surprenant. Un peu comme une gitane enjôleuse qui relève sa jupe en vous fixant du regard et qui la redescend aussitôt à votre approche.

Depuis le temps qu'elle lui en parlait de son père, il avait hâte de le rencontrer, de voir l'homme qui l'était, son caractère, de connaître sa vie. Le père pour une femme, cela représente beaucoup tout le monde le sait.

D'un naturel bavard et grivois, Aqwa préféra écouter et se concentra sur la discussion. L'instant était simplement magique et aussi solennel. C'était leur moment. Lui aussi avait plein de questions sur cet homme, les "pourquois" et les "comments" se bousculaient dans sa tête comme des villageois dans une taverne en pleine hiver.

Aqwa écouta Arwen et son père discuter ensemble. Il hocha la tête par moment, grimaça d'autres fois. Il passa à maintes reprises sa main dans le cou et sur les cuisses de sa Femme pour lui montrer tout son amour et qu'il était là pour partager ce moment avec elle. Il lui sourit dès qu'elle parlait de lui. Elle était tout pour lui, elle le savait. Dès qu'ils n'étaient plus dans la même pièce, Aqwa se sentait amputé d'une partie de lui même.

Au fil de la discussion, Arwen parla d'un quatrième petit enfant. Il ne put s'empêcher de passer sa main sur ce ventre dans lequel la vie s'agitait et de l'embrasser langoureusement. "Je suis le plus heureux des hommes à tes côtés mon amour." lui fit il d'un regard très amoureux. Il reprit alors une gorgée de cet alcool. La gitane avait disparu, c'était maintenant Son Arwen qui dansait sensuellement devant lui.

Puis ils parlèrent de Philippe et Aqwa repensa à l'attaque, aux enfants, à l'hopital... Ce jour là, son coeur s'était déchiré et la peur l'avait envahit. Puis son père parla de son aventure de jeunesse... de Philippe... de l'existence d'un frêre. Aqwa fit un rapprochement, qu'il trouva au prime abord totalement absurde, entre ces deux personnes. Et puis, il y eut le "et si?" dans son esprit. Le doute destructeur et refoulé. Et Si. Le "Et Si" qui rend toute impossibilité réelle et toute vérité incertaine. Aqwa ne pouvait y croire et il lâcha un rire nerveux et cynique... Il tourna machinalement la tête vers Arwen qui devait penser à la même chose... Tout concordait dans les faits. Tout était possible... Il posa sa main sur celle d'Arwen en voyant son visage.

"Ma chérie?... fit il d'un ton un peu effrayé...

Severant a écrit:: Sev prit peur en voyant la tête que faisait sa fille après qu’il lui eut parlé de l’origine de la médaille ainsi que de son premier amour.
Il sursauta même quand elle lâcha son gobelet qui heurta bruyamment le bois de la table. Elle était devenue blême. Ce n’était pas bon signe.
Un silence pesant s’était subitement installé entre eux.

Elle leva enfin des yeux dans lesquels on pouvait voir de nombreuses questions pour peu que l’on ait la vue perçante et l’habitude du fait, puis repris ses questions, son flot de questions.

Avant de répondre, il chercha dans sa mémoire. C’était si loin tout ça !

« Comment voulais-tu que je la retrouve, elle n’avait laissé ni nom, ni adresse… Mais tu as peut-être raison quand tu parles d’un frère. Oui, ça me revient… Elle avait parlé d’un petit gars dans sa lettre. Hélas, j’étais très jeune et ne gardais pas ce genre de chose. »

Il se concentra un moment, profitant du silence ambiant, pour chercher des réponses en analysant le peu qu’il avait appris ; le confrontant à ses souvenirs.
« Donc, tu me dis que la médaille que t’a montrée ce Philippe ressemblerait fort à celle que j’avais donnée à cette jeune fille … Je crois que le mieux serait d’aller voir cet homme pour qu’il me la montre. Qu’en penses-tu ? »

Son époux tout proche et toujours aussi adorable, elle se ressaisit doucement. Une fois de plus il la surprenait et arrivait à la toucher, même devant son père il n'hésitait pas à montrer son amour, à se montrer prévenant. Elle lui sourit tendrement mais dans son regard elle vit bien qu'il pensait comme elle, que le même doute les avait envahi. Sa main serra la sienne, il fallait savoir, être fixé pour de bon et ce que venait de proposer son Papa semblait être la meilleure solution. Elle se leva d'un coup.

"UN FRERE ??? Un frère !!! Si j'ai un frère, et si en plus c'est lui je veux le savoir, en être sure. Tu as raison Papa, allons vite le retrouver pour voir cette médaille !!! Je vais lui écrire qu'on arrive !!!"

Elle était prête à partir ainsi mais se ravisa.

"Heu peut-être devrions-nous nous reposer un peu quand même, la route est longue, quelques heures nous feraient du bien... Bien que je ne pense pas arriver à m'endormir ainsi."

A cette instant on aurait pu dire qu'elle était telle une pile électrique, si celle-ci avait existé. Peut-être, qu'en plus de cet alcool, avait-elle trop abusé des vapeurs opiacées qu'elle inhalait pour lutter contre ses nausées et sa fatigue. Enfin, elle prit la bouteille se décidant à retourner à la chambre se reposer, elle pensait surtout à son père, il n'était plus tout jeune, et si il avait peut-être déjà fait des efforts avant. Ah oui, au fait la femme qu'elle avait sentie ? Elle ne s'était plus manifestée, surement une fille de joie, il faudrait peut-être penser à la payer si elle était encore là-haut. Plus rien ne l'étonnait venant de lui et surtout dans cet état qui la laissait divaguer vers toutes sortes de pensées. Elle serra son père dans ses bras encore et lui lança un regard sincère.

"Merci Papa, merci... J'ai peur de ce qu'on va découvrir, mais merci..."

Puis elle donna un chaud baiser à son époux, celui qui lui brûlait les lèvres depuis un moment, pour lui montrer combien elle l'aime et combien elle apprécie qu'il soit si adorable avec elle. Peut-être qu'au lieu du repos ils pourraient finir ce pour quoi ils étaient venus. Elle devait s'occuper l'esprit et dans ces moments là il lui était impossible de penser à autre chose.

"Allez on y va ? Qui m'aime me suive. On se retrouve avant le levé du jour pour partir."

Elle rit doucement, en surface, car son cœur était quand même serré par toutes les émotions du jour, mais devant son père elle ne voulait pas défaillir. En prenant la main de son époux pour monter, elle ne put s'empêcher de penser à Phil, à leur histoire. Comme elle tenait à lui, enfin elle repensait à l'intensité des sentiments entre eux, et pourtant cette incompatibilité à vitre à deux, en couple... Et si la réponse à ce dilemme était là ? Des pensées qui s'enfuir loin, très loin, une fois enfermée dans une chambre avec son époux... Elles auraient bien le temps de revenir au petit matin.

Quelques heures plus tard...

Elle avait du dormir une demie-heure, peut-être un peu plus, juste le temps de se remettre de quelques instants volés dans une chambre délabrée. Alors elle se leva pour écrire le courrier à Phil, forcément son cerveau n'avait pas attendu longtemps avant de se remettre en état de réflexion. Une table, un siège, un parchemin, une plume, une petite chandelle et sa fiole, elle ne put s'empêcher d'en respirer une nouvelle fois le contenu avant de se mettre à l'écriture.

Citation :: "
Rodez le 7 octobre 1457

Cher Phil,

C'est non sans crainte et sans émotion que je t'écris ce jour. Tu connais mon histoire, je connais la tienne... Comme promis j'ai continué les recherches pour toi, et à ma grande surprise j'ai retrouvé mon père plus tôt que prévu. Je lui ai parlé de toi, de ton histoire, ta médaille... Il lui semble connaitre celle-ci, mais nous préférons nous en assurer afin de t'éviter de faux espoirs. Si il s'avère que c'est bien la même que mon père connait cela pourrait t'aider mais aussi changer beaucoup de choses. Nous serons à Albi dans deux jours, il serait bien que tu nous y rejoignes.

Ce sera aussi un plaisir de te revoir. Depuis l'incident avec les enfants nous avons eu peu le temps de nous voir, et je serai heureuse que tu fasses connaissance avec Papa et plus ample connaissance avec mon époux que tu as rencontré trop brièvement et dans d'étranges circonstances du coup. En tout cas nous te sommes énormément redevables et nous n'oublierons jamais ce que tu as fait.

J'espère que pour toi tout va bien là-bas, ainsi que pour Brigide et Lily, elles ont été adorables avec nous, salue les bien pour nous si tu les croises.

A très vite Phil,

Tendres amitiés,

Arwen"

Elle scella le pli, elle trouverait bien un coursier avant de partir. Puis elle attendit les deux hommes, toujours aussi pensive, sa vision se faisait un peu floue, son cerveau se mit à créer un espoir fou... A la fois partagée entre la peur de ce qu'elle risquait de découvrir et l'envie que ce soit cela... Elle secoua la tête, un bruit derrière, surement eux, il était temps de partir.

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